mercredi 2 novembre 2022

les échecs sous la Révolution française

Échec et mat de Rowlandson Thomas

Les échecs ne pouvaient pas échapper aux excès qu'on a connu lors de la Révolution Française. Ainsi, en 1793, le citoyen Guyton-Morveaux s'interrogeait :

"Sera -t-il permis à des Français de jouer à l'avenir aux échecs ? Cette question fut agitée, il y a quelques jours, dans une société de bons républicains, et il fut conclu, comme on devait s'y attendre, par la négative absolu."

"Mais on demanda ensuite s'il ne serait pas possible de républicaniser ce jeu, le seul qui exerce véritablement l'esprit ..."

"Tout le monde sait que le jeu d'échecs est une image de la guerre ; jusque-là rien qui répugne à un républicain ..."

"Ce sera le jeu des camps, ou si l'on aime mieux de la petite guerre. Le mot échecs a une étymologie royale ; c'en est assez pour le condamner à l'oubli ..."

"Le personnage principal sera le porte-drapeau, ou pour mieux dire, le drapeau. Il ne sera pas difficile de donner à la pièce une forme convenable à cet attribut ; elle tiendra la place du ci-devant roi [...] ; lorsqu'on l'attaquera, on en avertira par ces mots : au drapeau ; lorsqu'elle sera forcée, on criera victoire ; lorsqu'elle sera seulement enfermée, on dira blocus ..."

"La pièce appelée si bêtement reine ou dame sera l'officier général, pour abréger, l'adjudant. Les tours seront les canons, et l'on ne cherchera plus le rapport de leur mobilité avec leur dénomination. Roquer sera mettre un canon près du drapeau ; on l'annoncera en disant : batterie au drapeau. Les fous représenteront la cavalerie légère, les dragons. Les ci-devant chevaliers étaient déjà descendus au rang de cavaliers. Les pions formeront l'infanterie [...] quand ils auront enfoncé le camp ennemi jusqu'à sa limite [...] leur nouvelle marche ne sera plus que l'image naturelle de l'élévation en grade d'un brave soldat."

Extrait du Moniteur du 20 brumaire an 2 (10 novembre 1793).

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