Il est bien difficile de préciser la stratégie des échecs médiévaux. Les traités techniques de l'époque rassemblent des recueils de parties et se limitent aux problèmes d'échecs les plus simples. La plupart présentent des victoires, entre deux et vingt coups, sans poser de stratégie générale. Ce sont les textes littéraires, comme ceux de la légende du roi Arthur, qui peuvent nous renseigner sur le déroulement « tactique » des parties médiévales. Ils présentent le jeu d'échecs comme un combat féodal : les parties relèvent davantage du jeu de massacre que de la subtile combinaison. L'échiquier est un champ de bataille, les pièces sont prises comme dans un corps à corps pour faire place nette. Passé le massacre des pions, c'est la recherche du mat qui occupe les joueurs, sans considération pour les prises intermédiaires, et donc sans vraiment distinguer les « belles » victoires. Ainsi le niveau technique est-il resté très faible au Moyen Âge.
« Le principe de ce jeu est que l'un prenne l'autre »,
expliquait-on au 13e siècle. Prendre l'autre, ce n'est pas
uniquement mettre le roi adverse en échec et mat, mais aussi dévaster son jeu.
Comme le confirme l'expression « mater », c'est le mettre en « échec
et mat », étymologiquement le mettre à mort ! Le mat constitue l'unique
préoccupation des joueurs jusqu'au 18e siècle. Les plus forts
d'entre eux se rendaient bien compte qu'une attaque directe sur le roi adverse
pouvait être contrée avec succès. Mais leur impatience à gagner la partie
l'emportait. La victoire était recherchée d'entrée de jeu. Si le mat tardait
trop, la partie était considérée comme terne et sans grand intérêt. Ainsi, la
manière importait moins que l'efficacité. Un style de défense ou d'attentisme
était inconcevable.
Grâce à leur style spectaculaire, généreux autant
qu'énergique, ces joueurs « primitifs » popularisèrent les échecs.
Leur mérite est d'autant plus grand qu'ils furent des pionniers et ne
bénéficièrent d'aucun apport théorique antérieur pour les aider dans leur
recherche de méthodes de jeu.
source la BNF
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